Le LIBOR, acronyme de London Interbank Offered Rate, a été pendant des décennies le taux d'intérêt de référence (benchmark) le plus important et le plus utilisé au niveau mondial. Il servait de base à la tarification d'une quantité astronomique de produits et contrats financiers, des prêts hypothécaires aux produits dérivés complexes. Cependant, suite à un scandale de manipulation et à des doutes sur sa robustesse, le LIBOR a été progressivement abandonné et remplacé par de nouveaux taux de référence alternatifs depuis fin 2021.
Le LIBOR était un taux d'intérêt indicatif, calculé et publié quotidiennement pour plusieurs devises majeures (Dollar US, Euro, Livre Sterling, Yen Japonais, Franc Suisse) et pour différentes échéances (allant de "overnight" à 12 mois).
Il était censé représenter le taux moyen auquel les grandes banques internationales basées à Londres estimaient pouvoir emprunter des fonds non garantis auprès d'autres banques de premier ordre sur le marché interbancaire londonien pour une durée et une devise données.
Le calcul du LIBOR reposait sur les déclarations (soumissions) d'un panel de banques contributrices. Chaque jour, ces banques indiquaient à quel taux elles estimaient pouvoir emprunter sur le marché interbancaire.
Le LIBOR était omniprésent dans la finance mondiale et servait de référence pour :
Sa large utilisation en faisait un indicateur clé des conditions de financement à court terme et de la santé perçue du système bancaire.
À partir de 2012, un scandale majeur a éclaté, révélant que plusieurs grandes banques avaient manipulé leurs soumissions de taux LIBOR pendant des années (notamment avant et pendant la crise financière de 2008). Les motivations étaient doubles :
Ce scandale a entraîné :
La transition hors du LIBOR a été un processus complexe. Les régulateurs ont promu le développement et l'adoption de taux de référence alternatifs (ARR - Alternative Reference Rates), basés sur des transactions réelles et considérés comme plus fiables :
La publication de la plupart des taux LIBOR a cessé fin 2021, avec quelques exceptions pour certaines échéances du LIBOR USD qui ont perduré jusqu'à mi-2023 pour faciliter la transition des contrats existants les plus complexes.
L'histoire du LIBOR illustre les dangers d'un taux de référence crucial basé sur des estimations plutôt que sur des transactions réelles, et la nécessité d'une gouvernance et d'une surveillance robustes pour les benchmarks financiers. Son abandon et son remplacement par des taux comme le SARON marquent une étape importante vers un système financier mondial espéré plus transparent et plus résilient. Bien qu'il n'existe plus, l'héritage du LIBOR continue d'influencer la structuration de nombreux produits financiers.